Dimbiniainarivelo Nomenjanahary alias VeloAry, un styliste convaincu de l'apport économique des talents malagasy

La couture reflète la société où elle naquit. Elle évolue dans le temps. Et la grande couture est qui fait la mode, selon sa définition dans la mondanité. A titre comparatif, beaucoup des Malagasy limitent la mode en la nouveauté , car le mode de vie est différent. Quoique, tout ce qui est nouveau n’est pas forcément à la mode. En effet, c’est un sujet qui ne s’éteindra jamais dans le quotidien des acteurs du milieu de la couture. Seulement car, la culture de la couture demeure encore traditionnelle bien que les artistes y travaillent d’arrache-pied.

Pouvez vous vous présenter, s’il vous plaît ?

Je suis Dimbiniainarivelo Nomenjanahary plus connu sous le nom d’artiste de VeloAry.

De quel art exercez-vous ?

Je suis de l’art vestimentaire. Rires. Je suis un styliste et un modéliste tout en exerçant aussi dans l’ art plastique, la sculpture ou encore la décoration de scène et d’intérieur. Et dans mes temps libres, je porte mon costume d’auteur de mes inspirations.

Ça en fait des rôles. Mais, comment est-ce que tout cela est arrivé ? Pourquoi avoir choisi ce domaine de la couture ?

Comment vous le dire ? C’est la couture qui m’a choisi. Rires. D’ailleurs, c’est un art libre et fait partie des matières à caractère libérateur. Soit, un domaine qui fait fuser les idées constamment. Une sorte de prise de conscience rapide rien qu’en ayant les tissus en mains, les couleurs, la culture…

En d’autres termes ?

J’ai travaillé longtemps dans ce secteur pour vous dire avec assurance que le temps et la persévérance sont la seule clé du professionnalisme et du développement en soi et de soi. Sans même avoir à citer que mes deux premiers choix sont les vêtements et la manière de se vêtir.

Qu’est ce qui est difficile et facile dans ce métier ?

Le plus difficile, je dirais que c’est de deviner ou de créer quelque chose qui risque de ne pas plaire à la clientèle. Je ne sais pas si vous pourrez à cet instant vous mettre à la place d’un client qui découvre en même temps que vous l’appréhension du produit fini. Ce n’est pas évident. Et le plus facile…, il n’y a jamais de plus facile, je dirais plutôt la satisfaction de l’approbation du produit. Il y a ce regard confiant du client qui prouve que vous avez su répondre à ses attentes seulement par inspiration et par l’être et le paraître de la personne.

Ainsi, qu’est ce qu’un styliste ? Comment choisissez-vous vos tissus ? Avez-vous des fournisseurs habituels ?

Un styliste ? Eh bien, c’est celui qui sait donner de la satisfaction et du plaisir visuels et corporels en répondant exactement où pas à l’expectation des consommateurs. Dans ce métier, il faut aller acheter les tissus car il n’y a pas encore de fournisseurs spécifiques. Il faut aller par soi-même pour savoir ce qu’il faut pour telle ou telle matière. Personnellement, je préfère les matières faites main, la tapisserie, la vannerie ou encore la broderie.

Comment se procède la création ?

Au début, le styliste dessine ce qu’il veut comme nouveau modèle, des croquis, si vous voulez. Puis, il y a aussi le temps du retour vers le passé et d’imaginer le futur de la couture. C’est une façon d’anticiper l’avenir du stylisme en ayant une nouvelle vision ou renouveler ce qui est déjà là, ou encore de casser la mode actuelle pour en procréer une toute nouvelle qui sera adéquate au temps présent.

Qu’est ce qui manque à Madagascar pour être reconnu au niveau mondial concernant la couture ?

Pour être plus juste dans les mots, je vais être cash dans ce que je vais vous répondre là. Madagascar est amoureux de ce qui ne lui appartient pas. Il préfère convoiter ce qui lui est étranger au lieu d’exploiter ce qu’il a entre les mains. C’est alors très compliqué de distinguer ou d’insérer la mode malagasy elle même. Ici, peu osent proposer des idées, des inventivités, mais beaucoup se rueront vers la copie. Mais, peut-être que c’est ce que le marché exige. Qui sait ? Rires.

Au niveau des matières et des outils appropriés pour le secteur, nous sommes encore loin. Déjà, si je ne me trompe, il n’y a qu’une seule industrie de production de matières premières dans ce pays. Et sur la question d’originalité, cela va de soi.

Comment naît une nouvelle collection ?

Je crée tous les jours car je fais que des modèles uniques, mais pas de la production à profusion. Je fais une exposition d’une unique collection créative une fois par an. Il y a des fidèles clients; chanteurs, chanteuses, danseurs, danseuses et particuliers qui se sont habitués à mon délire et qui sont toujours aussi là. Rires. Je profite de les remercier dans cette interview, d’ailleurs. Pourvu qu’ils la lisent. Rires.

Beaucoup de jeunes se sont lancés dans la mode, est ce que c’est un métier prometteur ?

Mais quelle question ? Mais, bien sûr que si. C’est un métier qui devrait être plus ouvert, plus accessible et rentable. Si l’on s’oblige à bien le structurer, car le genre humain s’habillera toujours même couché. Cela dépend des occasions. Rires. Les gens en ont besoin indispensablement. La couture est partout, nul besoin de s’en étaler longtemps. Imaginez vous que tous les foyers doivent s’habiller, avec style ou pas.

Par conséquent, nous devrons décider à nous détacher des poubelles et des importations des habits de secondes mains.
Dans ce pays, il y a des talents qu’on laisse pour mort. Des malagasy qui sont plus doués que ceux qu’on nous impose.
C’est un secteur prometteur, mais a encore besoin de plus de grand coup de pouce. Car, la couture du pays est ensevelie dans celle mondiale. En d’autres termes, on aura besoin de coup de pouce, de structure protectrice, et de limitation des importations.

Si vous avez un conseil pour les jeunes, qu’est-ce-que ce serait ?

Apprenez. Ne cessez jamais d’apprendre. Choisissez ce qui vous parle plus et surtout créez. Ne suivez pas que la tendance, concrétisez vos imaginations. Puisez dans vos imaginations. Soyez vous dans vos manières de créer et vous allez vous découvrir et découvrir l’immensité de vos capacités créatives.