Dinah Rabemananjara, une vie de scout

Contribuer au développement de Madagascar fait partie du quotidien d’un scout malgache

Au début de notre interview, cette jeune scout – Mpanazava (Litt. Éclaireuse), de son vrai nom Dinah Marinah Rabemananjara, se présente comme Voara Mitozo. C’est son Totem selon elle. Elle nous explique que Voara est un arbre qui lui ressemble, c’est une espèce de figuier. Elle ajoute que « Voa signifie fruit et Ara veut dire ‘qui porte des tâches’. En outre, Mitozo c’est quelqu’un qui persévère dans le travail », continue-t-elle. Voara Mitozo est coordinatrice du mouvement des Éclaireuses à Atsimon’i Mahamasina.

Pour elle, l’aventure dans le scoutisme a commencé en 2002, des voisins les ont incités à intégrer le mouvement. Au début, c’était par curiosité qu’elle et son frère (lui aussi devenu éclaireur plus tard) avaient accepté d’assister à leurs activités mais ensuite, ils y ont pris goût et sont restés depuis… C’était lorsqu’elle n’avait que six (06) ans. Voara Mitozo nous dit : « Je m’amusais beaucoup, j’ai fait tellement de découvertes, je me faisais beaucoup d’amis à l’époque. Que demander de plus à cet âge-là ? Depuis, et ce jusqu’à présent, je suis devenue très active. Et, j’en suis venue à réaliser plus tard que ce mouvement répondait amplement à mes attentes. » L’une des raisons en est, selon elle, que les valeurs qui y sont véhiculées et transmises qui l’emmène à conclure que contribuer au développement du Pays fait partie du quotidien d’un(e) scout(e) malgache. Plus précisément, « nous nous consacrons plus dans le développement communautaire où nous traitons différents thèmes. Nous faisons de la sensibilisation sur la nutrition, le free-being me (libre d’être moi), le Menstrual Hygien Management (la prise en charge de l’hygiène menstruelle), l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD), etc.

L’anecdote…

J’ai été promue cheftaine en 2017, l’année de préparation de ma licence. Quelques temps après ma promotion, nous étions deux à diriger un grand camp à Ranomafana cette même année. Je ne devais pas y aller, car il y avait eu une probabilité que notre examen allait avoir lieu dans le courant de cette semaine-là. Mais vu que sans moi, le camp allait être dirigé par seulement une personne qui plus est inexpérimentée en la matière, j’ai pris le risque d’y aller. Je me disais que les parents des jeunes filles m’avaient fait confiance et que j’en était partiellement responsable. Nous avions rencontré beaucoup de problèmes pendant le camp, mais nous avions réussi à les surmonter tous. Plus tard, à la proclamation des résultats des examens de licence, j’étais sortie major contre toute attente. Le message à faire passer c’est que « tu dois toujours être prête à servir de ton mieux ».

La citation…

Essayez de quitter la terre en la laissant un peu meilleure que vous ne l’avez trouvée. Et quand l’heure de la mort approchera, vous pourrez mourir heureux en pensant que vous n’avez pas perdu votre temps et que vous avez fait « de votre mieux ». Soyez toujours prêts à vivre heureux et à mourir heureux.

Robert Baden-Powell (1857-1941), fondateur du mouvement scoutisme

Nos questions à Voara Mitozo

  1. Comment les éclaireuses comme vous contribuent-elles au développement du Pays ?
    Pour les éclaireuses, elles ciblent plutôt les jeunes filles. Ceci dans le but de leur faire acquérir la considération qu’elles méritent dans la société, leur apprendre leur identité et la place qu’elles doivent occuper dans cette même société. En plus de cela, nous avons comme principe de toujours participer aux mobilisations de bénévoles pour les besoins de la nation. Par exemple, récemment nous avions fourni un grand coup de main à l’installation des victimes des deux cyclones cette année, dans les centres d’accueil préparés à cet effet. Pour résumer, le scoutisme est un état d’esprit qui prône la prise de responsabilité et la connaissance de soi et des autres.
  2. Qui sont les personnes qui vous impressionnent dans le milieu du scoutisme et dans le monde ?
    Je dirais notre ancienne présidente, Harahara Mientana. C’est une grande leader au sein de l’organisation, une femme engagée et généreuse. D’ailleurs, elle était aussi notre représentante au comité scout Africain. Elle a mené la barre très haute dans le mouvement des éclaireuses. Toutes les fois où elle nous a donné une formation, elle a toujours été la source d’une sagesse indomptable. En outre, la personne qui m’inspire le plus dans la vie c’est Jack Ma, le fondateur d’Alibaba. Son parcours me fascine : parti de rien, il a su conquérir le monde par son entreprise. C’est un visionnaire et un vrai acteur de changement.
  3. Comment être éclaireuse vous a-t-il aidé ?
    Je ne suis pas ce que je suis aujourd’hui si je n’étais pas scout. Professionnellement, la plupart des postes que j’ai occupé implique des déplacements fréquents sur le terrain dont la réussite, ce qui requiert beaucoup d’aisance relationnelle et d’endurance entre autres. Je n’ai jamais rencontré de problème de ce côté-là grâce au scoutisme. En effet, on nous a habitué au travail physique et à vivre en communauté. J’ai également pu acquérir une bonne capacité managériale et de bons savoir-faire et savoir être. En général, le scoutisme a forgé mon caractère. J’ai pu avoir l’esprit de débrouillardise et de compétitivité. J’ai appris comment me relever à chaque fois que je tombe. Enfin, le scoutisme a aussi développé ma créativité et m’a enseigné à donner le meilleur de moi-même dans tous ce que j’entreprends.