Ketty Andriambololoniaina, la force de la persévérance féminine

Le système du métier Malagasy a donné plus de place aux hommes qu’aux femmes depuis toujours. Malgré la similitude des diplômes, les sexes opposés ont constamment eu des divergences quant aux conditions du milieu professionnel. Cependant, en cette ère d’expression libérée et d’émancipation tant voulue, plusieurs femmes se sont liguées pour jouir la même égalité, bien que boudée, jusqu’à ce jour. Notre invité en est le parfait exemple

Bonjour Madame, pouvez vous nous dire qui vous êtes et ce que vous faites comme métier , s’il vous plaît ?

Bonjour à vous. Je suis Ketty Andriambololoniaina et je suis fonctionnaire du Ministère de l’industrialisation et du commerce. Donc, mon corps d’origine veut que nous fassions des contrôles économiques, mais j’ai choisi d’autres horizons.

En d’autres termes ?

C’est toujours dans le commerce, mais axé surtout sur les normes et la certification. Soit, officiellement,je travaille au Bureau des Normes de Madagascar.
Qu’est ce que le BNM ?
Le Bureau des Normes de Madagascar. C’est entre autres une direction générale au sein de ce même Ministère. Nous sommes l’organisme Malagasy qui développe et conçoit les normes et en même temps, nous faisons aussi de la certification et de l’homologation afin d’assurer la qualité d’un produit.

Cela concerne, alors, plus les entreprises ?

Entre autres, si. Les entreprises, si elles veulent se professionnaliser et surtout si elles veulent percer sur les marches internationaux, elles sont invitées à observer les normes sur les produits qu’elles vont produire.

Dans la mesure où ?

Et bien, dans la mesure où Madagascar est un pays producteurs de matières premières, et que ce secteur est un secteur prometteur, mais en manque de professionnalisation et de dextérité. Mais encore, je voudrais apporter ma contribution pour ce domaine étant donné que je fis 7 années de bons et loyaux services à la nation, mais je travaille au BNM depuis déjà 6 ans.

Quel est alors le défi en tant que femme ?

Énorme, je dirai. C’est tout est un défi surtout dans un pays patriarcale comme le nôtre.

Est-ce une des raisons pour lesquelles Madagascar peine à avancer ?

Vous savez, il est difficile de faire comprendre aux citoyens lambda l’importance vitale des normes parce que celui ci n’est pas gratuit.
Alors que la plupart des Malagasy est encore entrain de chercher ce qu’ils ont à mettre sous la dent.
Faites vous, ainsi, autre chose dans la vie comme de l’entrepreneuriat ?
Non. Je ne fais pas de l’entrepreneuriat, je fais plutôt du consulting de temps en temps pour mettre mes acquis aux entrepreneurs Malagasy et aux profits des entrepreneurs Malagasy.
Je fais notamment de la politique.Et je suis présidente d’une Association de femmes nommée « Sorority&charity Madagascar ».
Dans le milieu du travail, la question du genre est souvent soulevée, qu’avez vous à dire à ce sujet surtout sur le point du leadership au féminin ?
Certains hommes ont du mal à accepter le fait qu’il y ait des femmes qui sont des leaders dans tel ou tel domaine. Car souvent, ils se sentent menacés par les femmes. Il y a aussi ces fausses interprétations des us et coutumes . Je pense qu’on a beaucoup changé l’histoire en nous faisant croire que la femme est faite pour des tâches ménagères alors qu’on a bien vu qu’on avait des reines dans différents royaumes dans les quatre coins du pays.

Avez vous déjà eu le temps de faire un bilan de votre parcours de vie et de profession ?

Quand je regarde en arrière , je suis fière de mon parcours car on a vraiment commencé sans rien. J’étais orpheline à 14 ans et l’aînée d’une fratrie. Survivre était un vrai défi, car on était obligés de travailler tout en étudiant.

Qu’est ce qui vous a poussé à être ce que vous êtes aujourd’hui ?

Je dirais que ce qui ne m’a pas tué à l’époque a fait ce que je suis aujourd’hui. On n’est pas encore sorti de l’auberge car je sais que bon nombre de femmes Malagasy vivent encore ce que j’ai vécu en ces temps là. Et c’est un moteur qui m’anime à faire de mon mieux pour elles et toutes personnes subissant la violence de la société.

Quels en étaient les sacrifices, alors ?

Rires. J’en ris aujourd’hui, mais ce n’était pas de l’eau à boire. Imaginez, faire au moins 15 km par jour à pied pour l’école sans déjeuner à midi, les sommeils que j’ai ratés à l’université car je travaillais en tant qu’équipe de nuits alors que les cours commençait à 6 heures du matin. Franchement, je ne pourrai pas tous les citer ici. Autant en faire un livre. Rires.

Quel conseil donneriez vous à ceux qui auront l’occasion de vous lire ici ?

Rêvez et réalisez vos rêves. Parce que le rêve est le début de tout et arrêtez de freiner les autres avec les " Manao revin-gadra" (faire les choses aveuglément) car souvent ceux qui disent cela sont ceux qui n’ont pas d’inspiration et qui envient votre enthousiasme.
En somme, votre état d’esprit est la clé de votre propre succès.