Onydonya, l’autrice au rythme du temps présent et du monde

Je suis toujours convaincue que les femmes sont les piliers de cette Firenena ou Nation

Rohy fato-maty
Nifelana ho ravaka
Kinta-niofo niaty
Ho amboradara miavaka

(Litt. Nœuds si fortement liés,
Des bijoux en bijoux en fleurs,
Des étoiles filantes
En broderie exquise)

C’est avec cet extrait de l’une de ses œuvres qu’Onydonya nous a accueilli en marge de la conférence internationale sur la littérature malgache à l’Ecole Normale Supérieure (ENS) la semaine dernière. Et ça y est ! Son roman intitulé Ny Omaly Mifanako : Ireo valiha kambana (Lit. Hier se faisant écho : les valiha jumeaux) est enfin sorti pendant le mois qui vient de s’écouler. Il est désormais disponible et est disponible chez Milles Feuilles, Librairie Mixtes et Saint Paul Antsirabe.

Ce nom de plume Onydonya vient de la combinaison du nom et du prénom de l’artiste qu’est Onisoamino Sydonie. « « donya » est aussi le reflet de la culture venant du nord de la Grande-Île, il signifie vivre au rythme du moment et du monde », nous affirme-t-elle. Onisoamino Sydonie a commencé à écrire en 2002, à l’époque où elle était encore étudiante à l’Université. « Le vent de la revendication politique soufflait cette année-là et une sorte de nouveau départ pour la génération désenchantée née dans les années 70-80 semblait imminente », se remémore-t-elle. Et justement, ce sont ces évènements de 2002 qui l’ont inspiré à écrire ce roman Ny Omaly Mifanako : Ireo valiha kambana, selon ses dires. « Mais le temps n’a point d’ancrage, celui d’une quête de la paix intérieure au milieu du tumulte, une contrebasse face à la désillusion du moment présent qui ne cesse de se dégrader », explique-t-elle.

Pour écrire, Onydonya se laisse emporter par la première langue qui lui vient en tête : « …généralement en malagasy ou en anglais. Mais en prose, j’écris en Malagasy », fit-elle remarquer. Ses thèmes varient selon son inspiration. Elle traite des thèmes sur la nature, l’amour, la fierté, les affres de la vie, la quête d’identité ou encore la recherche de l’accomplissement chez la femme…

Par ailleurs, notre artiste dit aimer autant des auteurs de langue française qu’anglaise et elle aime « Rimbaud pour son lyrisme et son sens du lieu et des détails, Baudelaire pour son sens esthétique, Balzac pour son réalisme populaire » ; mais elle adore également « DH Lawrence pour son sens critique et ses complexités dans les portraits de ses personnages, les Brontë sisters, notamment Emily Brontë pour son coté tragique, Emily Dickinson pour la poésie ainsi que Rabearivelo. Ils restent mes idoles pour leur quête du beau dans les scènes les plus banales », termine Onydonya.

Nos questions à Onydonya

  1. Que comptez-vous faire après cette publication du Ny Omaly Mifanako : Ireo valiha kambana ?
    Cette année, je compte prendre mon souffle après la publication de ce dernier roman. Ce fut un vrai défi de ténacité. Le temps heureusement fut un grand allié pour la recherche des maturités esthétique et structurale qui me sont propres.
  2. Quel sujet vous tient à cœur ?
    En tant qu’autrice et citoyenne, je suis toujours convaincue que les femmes sont les piliers de cette Firenena ou Nation et qu’il faut leur donner l’opportunité de faire valoir leurs talents, d’exprimer leurs idées pour que ce Pays se redresse ! En effet, les femmes savent par expérience ce qui est essentielle et prioritaire pour progresser.
  3. Qu’est-ce qui vous désole le plus chez nous ?
    C’est le fait que nous nous intéressions de plus en plus aux bons mots, mais dans la pratique, nous avons perdu le sens de l’engagement patriotique. Chacun ne pense qu’à son propre intérêt sans se soucier de l’autre. Je trouve également qu’on n’accorde plus d’importance à la rigueur et au sens de la discipline. On se plaît à dire que tout est relatif, que cela ne fait rien et qu’on apprend par ses erreurs. Seulement, nous perdons énormément du temps avec ce laxisme. Chez nous, on pénalise les intellectuels au lieu de les encourager, alors que sous d’autres cieux, on les protège comme des espèces rares. On les tue à petit feu pour qu’ils ou elles se taisent.

Les œuvres de Onydonya :

  • 2014 : publication de la première collection de poèmes intitulée Tsioka, traduite en Blowing Wind.
  • 2015 : publication d’une collection de huit (08) nouvelles intitulée Rojom-biavy
  • 2019 : publication du roman intitulé Vina
  • 2022 : publication du roman Ny Omaly Mifanako : Ireo valiha kambana