Peut-on vraiment transformer les menaces en opportunités?

En parcourant les sujets de notre forum, une phrase de notre ami @Simon m’a interpellé, il a dit « c’est en période de crise qu’on peut avoir les meilleurs opportunités ». Cette affirmation n’est pas nouvelle, en effet nous la rencontrons souvent dans les cours de stratégie ou de management. Mais est-elle valable pour cette crise sanitaire que nous traversons actuellement?

La question se pose puisque, pas plus tard que la semaine dernière, sur les réseaux sociaux, j’ai été informé de la difficulté de 2 startups, qui normalement, avec cette crise pouvait « profiter » de la situation pour booster ses activités.

La première « Top Prof Mada » est une plateforme en ligne ayant pour objectif de faire rencontrer des étudiants de tous les niveaux à des enseignants qui peuvent répondre à leurs besoins de cours ou de formation particuliers. Le projet a été lancé fin 2019 et avec les confinements de 2020, il pouvait légitimement espérer un recours assez conséquent à ses services pour appuyer pédagogiquement les enfants obligés de rester chez eux. Ce n’était pas le cas et actuellement, la plateforme a suspendu ses activités en assurant juste un service minimum.

La seconde « Karepoka » est une petite entreprise de transformation de manioc en chips bio. Lancé à 2018, le concept commençait à attirer de plus en plus de consommateurs avec ses services de livraison à domicile et de distribution sur point de vente. Avec le confinement, le service de livraison à domicile devait être le fer de lance pour vraiment booster les ventes. Ce ne fut malheureusement pas le cas, et l’entreprise a même arrêté ses activités pendant cette longue période de 1ère vague de pandémie. Ce n’est qu’actuellement que les initiateurs pensent à une relance des activités.

Ils ne sont peut-être pas les seuls qui se retrouvent dans cette situation. Alors, la question se pose: pourquoi n’ont-ils pas pu transformer cette crise en opportunité. Un élément de réponse de notre part? Ou pourquoi pas, nous pourrions aussi dans notre communauté témoigner de cas d’entreprise qui y sont arrivées et en tirer des leçons pour le futur.

Merci.

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Bonjour M. RANDRIAMANALINA
Votre message m’interpelle car ces 2 cas concrets d’entreprises auraient du décoller avec la crise. Les éléments de la digitalisation permettant de se connecter en ligne en ces temps de confinement auraient du les aider à augmenter leurs ventes. Il faudrait analyser les autres échecs qui seraient des cas d’école afin de développer une stratégie locale pour que ces startups puissent passer le cap des 2 ans d’existence… A vous lire :+1:

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Salut @TSOA10 !

En effet dire que « c’est en période de crise qu’on peut avoir les meilleurs opportunités » ne signifie pas pour autant que ça sera facile, ni qu’il suffit de se placer sur un marché qui « hypothétiquement » bénéficierait de la situation pour réussir son projet entrepreneurial…

La première raison c’est qu’il y a quand même situation de crise, peu importe le segment du marché que vous abordez. Et qui dit situation de crise, dit ralentissement, voire récession, de l’économie, et en un mot comme pour cent : moins d’argent pour la grande majorité des entreprises. Il y a aussi contraction des dépenses des consommateurs, que ce soit parce qu’ils ont perdu du pouvoir d’achat, ou bien qu’ils préfèrent stopper leurs habitudes de consommation en attendant le retour de la confiance dans l’avenir.

Donc par exemple, si on prend le cas de Karepoka, qui s’est dit, assez légitimement, qu’ils allaient profiter de la crise car le confinement « pousserait » les gens à acheter en ligne, et bien il a peut-être négligé le fait que le marché malgache (qui n’était déjà pas en bonne forme) viendrait à être écrasé par l’arrêt des activités des entreprises… Donc que son idée soit pertinente ou pas, que ce soit le moment ou pas, les gens n’ont plus d’argent !!! Il n’y a que de deux choses que les consommateurs ne se passeront jamais : les PPN (produits de premières nécessités comme le riz, l’huile, le sucre,…) et l’alcool (c’est triste à dire mais c’est le cas…). Alors les chips bio au manioc…

Toujours concernant les entreprises malgaches qui ont misé sur la vente en ligne pour essayer de tirer leur épingle du jeu pendant cette crise : il faut comprendre que même avant la crise, le marché malgache n’était toujours pas prêt pour l’e-commerce… Solutions de paiement en ligne peu fiables et balbutiants, service postal totalement défaillant, confiance des consommateurs lacunaire, prix de l’Internet totalement rédhibitoire, etc. En Europe ça cartonne, oui, mais Amazon a fait ses preuves AVANT la crise, et n’a fait que conforter sa position. Même Zoom dont on a beaucoup entendu parlé était déjà positionné sur leur marché avant la crise. Et toute l’infrastructure pour soutenir l’e-commerce existe et fonctionne en Europe, Amérique du nord et en Asie, depuis longtemps.

Concernant Top Prof Mada, j’ai envie de résumer simplement en : il n’y a pas d’argent sur ce marché. Point.

Mes propres entreprises, dans le secteur des NTIC, bien que continuant leur croissance, ressentent néanmoins les fléchissements du marché. Et oui parmi nos clients il y a des acteurs du tourisme par exemple. Et parmi nos prospects européens, la plupart attend le déconfinement pour devenir clients…

Pendant la crise il faut continuer d’investir là où la majorité met leur argent dans leur coffre en attendant les jours meilleurs. Acheter des terrains, trouver des baux commerciaux à prix cassé dans des rues commerçantes, embaucher des talents, démarrer des projets, etc. Y’a pas de miracle, c’est dur, faut persévérer et travailler.

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Je reviens un peu sur ce point, je me rends compte que j’ai été trop expéditif. Il y a bien sûr des familles qui payent les études de leurs enfants, ils payent pour une école, un diplôme, une reconnaissance sociale. Ils ne payent pas le professeur en soi. L’activité de Top Prof Mada, d’après ce que je comprends, s’apparente à Acadomia en France. C’est le marché des cours particuliers. Là il n’y a pas d’argent à Mada.

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Bienvenu sur le forum @jmrolland,
Effectivement, ces 2 cas méritent des réflexions. Mais comme je l’ai dit sur le poste, nous attendons aussi des témoignages de la part de ceux qui ont pu tirer leur épingle du jeu pendant cette période. Comme çà, nous pouvons tirer des leçons de bonne pratique …

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@Simon oui, quelque part, tu as raison en disant que le pouvoir d’achat du malgache en général s’est effondré pendant cette période. Toutefois, Karepoka, d’après ce que je sais, ce n’était pas le KK pigeon à 500 ou 1000Ar le sachet mais visait plutôt un public assez nanti avec des petits verres bien design coûtant 3 000Ar et plus, pouvant donc commander en ligne pendant cette période des produits tels que les pizza, ou des plats de resto …

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Alors dans ce cas, il manque peut-être les fondamentaux :

  • Communication
  • Marketing
  • Force commerciale

Crise ou pas crise, si ce n’est pas maîtrisé, ça ne marchera pas.

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Bonjour à tous, et bienvenue à @jmrolland

Ce n’est vraiment pas évident de transformer une menace en opportunité mais c’est possible.
Pour citer quelques exemples :

  • Il y a les livreurs sur Facebook ( je me rappelle pas du nom de leur page ) qui ont eu l’idée de vendre les menakely de Selesy en ligne et ça a vraiment marché. En plus d’avoir fait plus de profit, ils ont gagné plus de visibilité car leur nouvel activité a attiré les médias. Moi par exemple c’est grâce à cet initiative que j’ai connu leur existence.
  • Nous on a vendu pas mal de visières aussi au début de la crise. Notre fournisseur ( une entreprise locale ) qui en a le plus bénéficié était dans le domaine du cosmétique. J’ignore pourquoi ou comment ils ont eu l’idée de changer d’activité pendant un moment mais ce qui est sûr c’est qu’ils ont fait beaucoup de profit et ils ont arrêté la production de visières ensuite. Ce qui nous a coûté tous nos premiers clients à nous, start-up venant d’arriver sur le marché de l’e-commerce.

De mon point de vue, ces cas ne font que renforcer le fait qu’il est nécessaire de se préparer. Pour être plus précis, c’est une entreprise bien positionné dans le marché ( comme @Simon l’avait noté ) avec un sens d’ouverture à de nouveaux horizon et bien-sûr les ressources nécessaires qui a le plus de chance d’y arriver mais il y a toujours des exceptions.

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Merci @HaryRafano :blush:
Je dirais pour cette visibilité s’arrête sur Facebook qui est la plateforme numéro 1 avec les offres de connexion hebdo des opérateurs télécoms à Madagascar pour quelques centaines d’ariary. Est-ce que ces entrepreneurs l’utilisent à bon escient ? Par exemple marketplace est disponible en Local qui en tire profit ?

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Et pourtant, ces 2 entités que j’ai présentées sont assez actifs sur les réseaux sociaux, d’ailleurs c’est sur FB que je les ai connues …

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