Ramanantenasoa Nancy Gabrielle, Cheffe d'entreprise et présidente d'une association pour les jeunes

Chaque entretien d’embauche exige des expériences. Parfois, cela bloque les jeunes à avoir confiance en eux car la pression de l’âge prône sur l’expérience. Cependant, à Madagascar , si le travail devient de plus en plus problématique pour certains, d’autres s’en créent. Suivez ce témoignage d’une femme hors pair.

Est ce que vous pourrez nous dire en quelques mots qui vous êtes et ce que vous faites dans la vie?

Mon nom est Nancy Gabrielle RAMANANTENASOA, j’ai 35ans et je suis entrepreneure depuis bientôt 6ans. Je travaille dans le domaine de la communication et de l’ événementiel. En même temps, je suis présidente fondatrice de l’ Association Tanora Mivoy Soa qui a pour objectif de promouvoir les jeunes pour un avenir meilleur.

Depuis quand tout cela a t-il commencé pour vous ?

Je dirai depuis le collège. J’avais ce rêve de diriger ma propre entreprise, un jour ou l’autre. Étant passionnée par la communication et la relation client, mon métier actuel me permet de rester en contact avec le monde et d’élargir mes réseaux. Soit de pouvoir découvrir plusieurs cultures parmi le monde. J’adore cela. (Sourire). Mais, pour plus de précisions,
je suis dans ce secteur depuis 2015. et comme tout entrepreneur qui fait le pas dans le métier ,il y a eu des moments difficiles. Là où j’ai voulu tout arrêter, mais après quelques années de recul, j’ai compris qu’on ne peut pas abandonner juste sur un coup de tête. Car je n’ai pas échoué , mais j’ai juste acquis des expériences qui me sont très utiles et bénéfiques en ce moment.

Parlez nous de vos défis de tous les jours ?

Ce qui est défiant est tout simplement le fait d’être jeune. (Rires) . il faut toujours essayer de convaincre certaines personnes plus âgées qu’on est sérieux, qu’on est capable, qu’on a la compétence dans ce que l’on fait. Je ne vous le cache pas , mais être crédible s’avère être un défi corsé.

Quelle serait la raison, selon vous?

De mon point de vue personnel, je pense que la tendance traditionnelle est d’associer l’âge à l’expérience. Dans cette logique ,alors, si nous sommes jeunes , nous sommes forcément inexpérimentés et aussi incompétents. De ce fait, il faudrait tout simplement briser cette culture de l’âge parfait pour un métier et montrer qu’on a la compétence nécessaire même en étant jeunes.

Aviez vous le sentiment que vous avez plus de volonté que les autres de vous être lancé dans cette aventure entrepreneuriale ?

Oui et non car de nos jours, beaucoup de jeunes se lancent dans l’entrepreneuriat. Donc, je ne suis pas la seule. D’ailleurs,.il suffit d’un pas et le chemin peut continuer. Mais, ce qui est de plus en plus vu ce que les femmes sont de plus en plus intéressées et prêtes à relever ce défi.Oui aussi, parce que je suis souvent astreinte à effectuer beaucoup plus de tâches et plus d’heures qu’un salarié. Je dirai que j’ai un niveau de stress beaucoup plus élevé. Et, ma vie n’est pas une simple routine, mais chaque jour, j’ai la chance de vivre une nouvelle aventure et de nouvelles expériences.

Qu’est ce qui est difficile dans ce que vous faites ?

Mon métier m’oblige souvent à voyager, les rentrées tardives, etc. La difficulté , c’est le fait de ne pas être tout le temps auprès de mes enfants.

Il est souvent dit que entreprendre n’est pas donné à tout le monde, l’affirmez-vous?

Dans l’entrepreneuriat, il faut avoir beaucoup de la persévérance et de la patience. Il est vrai qu’il représente une réelle épopée , mais que finalement peu y arrive. La raison dépend de multiples facteurs. Par exemple,.en se lançant dans l’entrepreneuriat,les autres pensent qu’il s’agit tout de suite de recevoir beaucoup d’argent. Détrompons-nous car on risque fort de ne jamais gagner autant qu’on espérait.

Qu’est ce que, donc, l’entrepreneuriat?

L’entrepreneuriat demande beaucoup de sacrifices et de prises de risque. Ce n’est pas parce que une personne quelconque a réussi dans telle activité que forcément si on fait la même chose, on réussirait également. Il faut avoir une touche qui nous différencie des autres et se lancer dans une activité qui nous passionne.

Est ce que tout le monde peut entreprendre finalement ?

Non. Pour être entrepreneur, il faut savoir prendre des risques, être visionnaire. Cela ne veut pas dire que ceux qui ne sont pas devenus entrepreneur étaient des incapables.Loin de là. Beaucoup réussissent, mais d’une manière différente. De toute façon, il y a plusieurs types de personnes; celles qui n’aiment pas ou n’osent pas prendre de risque. Ces personnes là ne sont pas faites pour être entrepreneures.Mais, elles peuvent le devenir oui,car dans la vie on dit « quand on veut, on peut ». Et aussi , on ne naît pas entrepreneur, mais on le devient.

Qu’est ce que cela vous fait d’être votre propre patron ?

C’était tout simplement génial. Le fait d’avoir son propre argent et qu’on a la liberté de dépenser comme on veut, c’est top. (Rires)

Pourquoi, selon vous, les Malagasy ont du mal à s’expertiser dans un secteur?

Les Malagasy ont souvent tendance à suivre ce qu’ils voient marcher. Je vais vous donner un exemple concret. On a tendance à croire que si à côté, il y a un salon de coiffure qui attire du monde, et bien moi aussi je vais m’en ouvrir. On reste dans le copie-coller,mais peu de gens pensent à innover ou à créer leur propre signature.

Qu’est ce qui fait votre parcours aujourd’hui ? Et ce qui vous rend fière ?

Mes experiences professionnelles, sans hésitation. J’ai eu aussi des différentes formations surtout en leadership. Cela m’a poussé à devenir ce que je suis et où je me trouve aujourd’hui. Ce qui me rend fière c’est que malgré les difficultés que j’ai pu rencontrer je n’ai pas abandonné.

Qu’est ce qui a fait cette fierté ?

C’était ma prise de décision d’il y a quelques années. J’étais employée dans une fonction publique et j’ai pris la décision de démissionner tout simplement car je ne ressentais plus d’épanouissement professionnel. Mon entourage m’avait blâmé mais je ne regrette pas cette décision car si j’avais continué, je ne serai pas là aujourd’hui à vous parler.

Que diriez vous si vous voulez conseiller quelqu’un de se lancer ?

Osez sauter le pas.Réalisez votre rêve. N’ayez pas peur d’échouer car souvent l’échec vous emmène à la réussite. Ne laissez pas les autres vous dire que vous n’allez pas réussir. Mettez-vous dans la tête que seuls ceux qui osent s’accordent le droit de réussir…et surtout, n’abandonnez jamais.

La femme d’aujourd’hui et ses revendications, pour vous quelle place a le 8 Mars dans votre volonté de faire ?

Le 8 Mars est la journée internationale des droit de femmes. Des femmes comme nous se sont manifestées, il y a plusieurs années pour réclamer l’égalité,mais aussi pour avoir une meilleure condition de travail et de droit. Donc, ces femmes ont réinventé cette génération de prêtes à tout pour se faire entendre.

Un dernier mot, peut être ?

J’emprunte ce petit proverbe Afghan : " Le travail d’une femme vaut plus que le discours de cent hommes". Une femme est capable de faire tout. Mous avons nos valeurs, ne laissons personne nous sous+estime. Car, sans nous, ce monde serait rien. Osez dire non à la violence, à l’inégalité.Soyez déterminées car nous sommes des femmes fortes et dignes.

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