Saholitiana Ramamonjisoa, le leadership au féminin pluriel pour les jeunes et les femmes

La question du genre est devenue quotidienne, aujourd’hui. Égalité salariale, liberté de choix professionnel, et autres font débat car les femmes, depuis Simone Veil, veulent se faire entendre. Cependant, les choses avancent à tâtons et plusieurs organismes et associations se mobilisent dans différentes activités pour ce qui leur revient de droit. Mais, pourquoi cette situation demeure problématique ? Notre invitée du jour nous éclaire sur certains points. C’est parti!

Bonjour, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs, s’il vous plaît ?

Je me nomme Saholitiana Ramamonjisoa, présidente fondatrice de l’association « Jeune Avenir de Madagascar » et en même temps vice-présidente de l’association des « femmes natives d’Ambalavao Tsieniparihy ».

En quoi consistent vos engagements dans ces associations ?

Je dirai la conscientisation des jeunes et des femmes afin qu’ils puissent se responsabiliser au niveau de leur communauté et de les encadrer sur l’indépendance sociétale. Nous avons réalisé plusieurs projets dans le secteur de l’environnement, de l’éducation, mais surtout sur la professionnalisation des jeunes et femmes.

Quand vous dîtes « responsabiliser » , c’est dans quelle mesure ?

Écoutez. Être responsable ne veut pas dire que l’on est obligé d’être doués dans certains domaines, mais dès le foyer jusque dans la société où l’on est, on peut participer au développement de cette dernière. C’est ce que je rappelle constamment aux jeunes et femmes que je conscientise.

Et, quelle est cette indépendance sociétale que vous mentionnez ?

L’indépendance de la femme ne signifie point de se délier de la relation naturelle avec son homologue masculin, mais plutôt, c’est une manière de mettre en communion l’homme et la femme dans les prises de décisions, dans les flux des revenus conjugaux. En d’autres termes, nous, les femmes, ne devrions pas nous dépendre de cette culture patriarcale disant que nous sommes ce que la société nous a fait.

Pourquoi avoir choisi cette voie professionnelle ?

Et bien car tout simplement le développement commence par soi-même avant de s’étendre à nous. Et ce « nous » là n’est pas que pour les hommes, c’est aussi pour les femmes. Donc, pour tout le monde. Et d’ailleurs, si nous allons nous obstiner à attendre les élues et les nommés pour jouir du développement de ce pays, et bien, figurez-vous qu’on attendra vainement.

Concrètement ?

Je vais vous donner un exemple. Les canaux d’évacuation sont bouchés, les égouts sont puants, mais tout le monde va devoir attendre la commune pour s’en charger tout en oubliant que, c’est nous qui les avons causés. Ce sont des hommes et des femmes qui habitent là. Pour quelles raisons les déchets doivent être éparpillés dans nos canaux si nous avions pensé à répondre aux besoins « Sanitaires et hygiéniques » suivant le nombre des habitants d’un tel ou tel quartier ? Mais, ce n’est pas de forcer l’infrastructure destinée pour cent personnes auparavant qui doit suffire à une population croissante.

Et vous pensez que les femmes doivent prendre plus leur part de responsabilité dans le développement de leur quartier ?

Effectivement. Cette sensibilisation traîne, mais elle avance tant bien que mal. Elles doivent comprendre que ce n’est pas l’affaire du genre opposé. Ainsi, j’aimerais bien apporter ma contribution pour le développement de mon pays, si peu soit-elle, mais avec la volonté et l’initiative de tout un chacun. Il ne suffit pas d’avoir un certain niveau de vie, de connaissance ou encore de position pour pouvoir contribuer. Il suffit seulement d’un pas.

Pourquoi il y a tant d’associations qui œuvrent pour la femme ?

De point de vue personnel, il y a encore beaucoup à faire pour les femmes sur la question de la participation sociale et politique. Voyez, par exemple, le taux de participation des femmes dans les élections législatives, communales ou encore présidentielles qui est quasi-nul.

Mais… Pourquoi, on veut constamment porter secours à la femme ? Où est la faille ?

Sans vouloir discriminer les hommes, les femmes ont beaucoup plus de potentiel concernant le leadership, mais elles sont constamment mises de côté ou encore on les a inculqués le traditionnel refrain de « femme au foyer et de reproduction » depuis le bas âge. Déjà, pourquoi les parents continuent de distinguer la manière d’élever les garçons et les filles ? Les filles doivent constamment avoir l’aptitude de s’occuper de la cuisine, des ménages, etc… et pendant ce temps-là, les garçons, ils jouent.

De ce fait, c’est même à la naissance que les choses sont présentées de cette manière. Subséquemment, c’est difficile à effacer, mais peut encore être rattrapé.

Pensez vous que le pays ait besoin d’un leadership présidentiel féminin ? Est ce qu’il est prêt ? Est ce que si c’était une femme qui est au pouvoir, est ce que le pays irait mieux ?

Comment vais-je répondre à toutes ces questions en même temps ? Rires. Je vais être la plus brève possible. A Madagascar, nous entrons déjà dans les grandes discussions sur le genre, mais nous sommes encore bloqués sur des sujets dits « importants et prioritaires ». Beaucoup parlent de l’incapacité de la femme à faire quoi que ce soit. Au lieu de nous pencher sérieusement sur le sujet, nous le bloquons sans tenir compte de ce que cela pourrait nous rapporter. Car, c’est la population elle-même qui trouve que la femme n’en est aucunement capable de diriger ce pays, qu’il faut que cela soit toujours un « homme ». Et, c’est ce qui empêche le mouvement d’aller de l’avant. Toujours est-il que les femmes peuvent toujours continuer de réclamer leur droit.

Avez-vous un conseil pour les femmes et les hommes qui vont vous lire ?

Pour les femmes, je vous dirai de participer au développement, si peu soit-il. Il ne faut pas s’attendre à être toujours dirigé, mais à diriger aussi. Pour les hommes, c’est plutôt de soutenir les femmes, s’éloigner des préjugés et avancer, collaborer ensemble.
Rappelons que le genre n’est pas qu’une question biologique qu’il faut avoir la même force égale de l’un comme l’autre. Mais, la force serait égale si tout le monde se mettait sur le même pied d’égalité.

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