Vitou Razafitrimo, une référence en matière de photographie

Il est né pour ce métier !

De son vrai nom Visaina Toetra Razafitrimo, Vitou est photographe et enseignant en photographie. Au début, il n’a jamais songé intégrer ce milieu, puis de percer. « Comme beaucoup de gamin, mon rêve était d’être dans un cockpit et aussi musicien, vu que j’avais déjà suivi des cours de musique depuis mon enfance. Je voulais devenir ‘Mozart’», explique-t-il. Et justement, il a acquis la notoriété dans la musique en étant pianiste classique et donnais même des cours de musique dans de grands établissements. C’est pour ça que lorsque nous lui avons demandé son métier, il nous a répondu : « mon métier c’est l’art ». En effet, la photographie est née au cours de la préparation de l’une de ses récitals. « Il fallait un portrait de moi à mettre à l’affiche. Je n’en avais pas un de bien fait. Alors, j’ai décidé d’acheter mon premier ‘matos’ », se remémore-t-il. Mais ce premier portrait, il l’a raté. C’est ainsi qu’il a décidé d’apprendre la photographie en autodidacte. Il a appris sur le net, en lisant des livres et revues de photographie. Et l’aventure a continué !

Actuellement, en regardant ces œuvres, on est frappé par le talent de l’artiste et on sent la passion qu’il a pour ce qu’il fait. Sa façon de diriger son équipe au cours d’une séance, de parler à la personne à photographier, et de décrire l’environnement souhaité dans le portrait, nous fait admettre une évidence : il est né pour ce métier !

Selon lui, chacun a sa façon de contribuer au bien de la nation. Pour sa part, il a choisi « d’assurer la survie du savoir », dit-il. Il pense que la génération future devra avoir les meilleures connaissances pour une meilleure société dans les décennies et siècles à venir. C’est l’une des raisons qui l’encourage à persévérer dans l’enseignement de la photographie et de la musique et à envisager d’autres activités qu’il se garde de nous partager pour le moment.

Nos questions à Visaina Toetra Razafitrimo

  1. Qui sont vos sources d’inspiration dans ce que vous faites ?
    Je n’ai pas de personne ni artiste de référence, par contre je suis plutôt inspiré par les œuvres de Richard Avedon, Henri Cartier Bresson, Helmut Newton, Steve McCurry. Mes sources d’inspiration dans mes créations se trouvent généralement dans l’imperfection. Il est certes plus confortable et efficace de bien préparer une séance photo, de connaître en avance toutes les conditions de prise de vue et d’avoir toutes les ressources nécessaires pour la réalisation. Mais en réalité, rien n’est parfait. C’est ce qui me pousse à faire mieux et relever le défi de faire le max avec le minimum. L’improvisation est pour moi une arme redoutable pour la création. Dès fois, je me sens « incomplet » quand tout est trop parfait ; mais bien sûr, l’image faite doit être toujours au top.

  2. Qu’est-ce qui vous motivent chaque matin ?
    Je dirais que c’est la survie et la vie. Survivre, c’est subvenir à ses besoins et vivre c’est de s’épanouir dans ce que nous faisons. Travailler, tout le monde peut le faire mais bosser dur, c’est une autre histoire. Le benchmark n’a jamais été dans mes méthodes. Je travaille dur juste pour faire mieux que la veille. Et, je suis un éternel insatisfait : je veux tout le temps faire LA photo du siècle.

  3. L’art et la passion peuvent-ils être un métier ? Que pensez-vous du monde de l’art à Madagascar ?
    La société impose des images de réussite, du travail « idéal ». Elle pense qu’on a du travail quand on est avocat, médecin, ingénieur, caissier, chauffeur, etc. mais qu’on est chômeur quand on est photographe, musicien, peintre, mpikabary,… Ceci est étroitement lié au système d’enseignement et à la situation socio-économique malagasy. Les formations disponibles ne sont pas assez variées : on a beaucoup d’instituts supérieurs, mais on n’a pas d’école supérieur d’art ; il y a peu d’artistes (talentueux) diplômés en art ; les grandes écoles d’art à l’extérieur sont difficilement accessibles par manque de moyen. L’art et la passion sont considérés comme étant un passe-temps…
    Faire de l’art son métier s’assume, on arrive à survivre avec la considération de la valeur de nos œuvres par nos clients. Merci à eux.

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