Zoly Rakotoniera, la littérature et les études du genre au cœur de ses recherches

J’ai réalisé au cours de mes années d’études à l’université que l’égalité des sexes, en plus d’être un droit universel, est aussi le fondement d’une société harmonieuse et d’un développement durable.

Le genre, Madagascar, l’Afrique, le cinéma, les littératures malgache et anglophone, ce sont les centres d’intérêt de Zoly Rakotoniera, une enseignante-chercheuse à l’Université d’Antananarivo. Mais pour que tout cela ne reste pas au stade du discours et de la passion, elle y consacre sa vie de chercheuse. « Mes publications portent principalement sur la représentation de la famille, des relations de genre et des questions sociales dans les littératures anglophone et malgache, notamment les romans et les nouvelles. En ce qui concerne le cinéma, j’ai surtout travaillé sur les films malgaches et américains contemporains », nous informe-t-elle. Par ailleurs, Rakotoniera fait également partie de plusieurs groupes de recherche nationaux et internationaux, dont le groupe de recherche Literature, Arts, Gender and Interculturality ou LAGI basé à l’Université d’Antananarivo et le groupe de recherche « Femmes et féminismes en dialogue » de l’Université de Sherbrooke, au Canada.

La future enseignante-chercheuse se passionnait déjà pour la lecture, la compréhension, l’apprentissage vers l’âge de 8 ans et plus tard pour l’étude du genre et la recherche. Elle admet en souriant qu’elle admirait beaucoup ses professeurs de matières littéraires au Lycée et à la Fac. Elle nous partage : « J’ai été inspirée par des figures telles que Ginette Randriambeloma et Irène Rabenoro ». Et c’est une rencontre avec Mireille Rabenoro qui a confirmé en elle sa vocation et l’a convaincu à suivre l’exemple de cette illustre personnage selon ses dires. « J’ai eu la chance de la connaître et de travailler avec elle pendant quelques années et je peux dire qu’une grande partie de ce que je sais vient d’elle. Elle a fait énormément de travaux sur le genre à Madagascar et en Afrique et j’espère que l’on pourra continuer ce qu’elle a commencé », nous confie-t-elle. D’autre part, le fruit de ses fréquentations avec ses grandes femmes, lequel a contribué à faire d’elle ce qu’elle est devenue aujourd’hui, l’a persuadé de l’importance de la transmission des savoirs et des valeurs dans la construction d’un monde meilleur. En matière de genre, elle nous dit : « j’ai réalisé au cours de mes années d’études à l’université que l’égalité des sexes, en plus d’être un droit universel, est aussi le fondement d’une société harmonieuse et d’un développement durable ».
En outre, à part être son métier d’enseignante-chercheuse, Rakotoniera est le point focal national du programme Erasmus+ : elle donne des conseils aux candidats potentiels aux bourses Erasmus, assiste à la recherche de partenaires de projets et contribue à la diffusion et à l’exploitation des résultats des projets, y compris par la collecte de données et d’informations sur le succès de la mise en œuvre des projets.

Message de Zoly Rakotoniera

Le rôle de l’enseignement supérieur dans le développement du pays n’est plus à prouver : il permet à l’individu de s’insérer dans le tissu socio-économique et d’accéder à un emploi stable et durable. Il stimule également la productivité, l’innovation et entrepreneuriat. Un enseignement supérieur de qualité participe à une meilleure compréhension des enjeux politiques et économiques d’un pays et permet à chacun de s’impliquer dans la société et d’accompagner l’évolution d’un pays vers un développement économique et une stabilité politique. En ce qui concerne l’égalité des sexes et l’autonomisation économique des femmes, elles figurent dans les huit Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD 3) et sont considérées comme un levier clé pour atteindre les sept autres objectifs.

Nos questions à Zoly Rakotoniera

  1. Quels sont vos projets pour cette année ?
    Publier mon livre sur le slam féminin dans le sud-ouest de l’Océan Indien.
  2. Qui vous inspire ? Pourquoi ?
    Je dirais Buchi Emecheta, la romancière nigériane qui a écrit un de mes romans préférés, Second Class Citizen. C’était une victime de violence conjugale et raciste, mais elle a réussi à poursuivre ses études jusqu’à l’obtention de son Doctorat en Angleterre, tout en élevant seule ses 5 enfants. Elle a aussi publié des chefs-d’œuvre et a eu sa place dans le canon littéraire anglophone.
  3. Pouvez-vous nous raconter un échec qui vous a permis d’avoir plus de résilience ?
    J’ai voulu poursuivre mes études à l’Université de La Réunion en 2000 après l’obtention de ma Maîtrise. Avec ma meilleure amie, on a postulé une bourse, et on se voyait déjà à La Réunion et ses plages de sable fin ! Et puis, je n’ai pas eu la bourse, c’est ma copine qui l’a eu ! Quelle la déception ! Mais on se rend compte, après, qu’il y a toujours d’autres opportunités qui se présentent et que l’on peut toujours atteindre ses objectifs en prenant d’autres trajectoires.

Parcours :

Actuellement : Directeur du Centre National d’Enseignement de la Langue Anglaise, Co-directeur de l’Institut King Sejong Antananarivo et Point Focal National du Programme Erasmus+

  • 2009 : Doctorat en littérature comparée
  • Depuis 2009 : Multiple Africa Cluster of Excellence de l’Université de Bayreuth, Allemagne, et bourse de mobilité Erasmus Mundus pour les chercheurs invités (Université de Gröningen, Pays-Bas)
  • 2004-2006 : Bourse de doctorat du gouvernement français, Université Paris 7