Andri Marcel, l’artiste contemporain qui concilie art et protection de l’environnement

L’art demeure un domaine qui suscite un débat entre ceux s’y baignant, d’un côté. De l’autre, ce n’est qu’un monde inconnu rempli d’imagination et de création peu convaincantes. En effet, il faut en être passionné pour s’y consacrer surtout qu’à Madagascar, il est encore vu comme un passe-temps qu’un travail sérieux. Mais, notre invité d’aujourd’hui parle plus de conviction personnelle avant de passer dans la vocation professionnelle. Allons le lire.

Pouvez-vous vous présenter, s’il vous plait, et nous dire ce que vous faites dans la vie ?

Je suis Rakotonandrasana Andrisoa Marcel Josoa ou connu sous le nom d’artiste Andri Marcel. Je suis un artiste contemporain.

Quel métier d’art faites-vous et la raison de ce choix ?

Je dirais métier d’art entre architecture et éco-design, car j’ai plutôt étudié l’architecture. Quoique l’amour du dessin ne m’a jamais quitté. De là, je les ai combinés. D’ailleurs, je suis quelqu’un qui est conscient de l’importance de la protection de l’environnement, ainsi je défends en donnant forme à tout cela dans cette optique.

Quels sont les facteurs faisant de vous un artiste de métier ?

Déjà, je ne veux pas avoir le sentiment d’avoir perdu mon temps en faisant mes études en architecture. Bien que je me sois arrêté suivant différentes circonstances, j’ai poursuivi la conciliation de cette passion artistique et ce que je faisais comme études, d’où ce que je fais actuellement.

Depuis quand faites-vous ce métier et qu’en est-il aujourd’hui ?

J’ai déjà fait des photo-portraits avant. Je dirais de 2012 à 2016. Mais, je me suis défait de cela car beaucoup le font. Et c’est à partir de 2016 que je me suis orienté consciemment vers une toute autre chose qui me distinguerait de mes confrères. J’ai, donc, décidé de me concentrer sur de l’éco-design, du « Recup’art » ou encore du « Recycl’art », et ce, jusque-là. Je fais tout le temps des recherches pour aboutir à d’autres formes de conception plus singulière. Présentement, je me baigne dedans car je me sens dans mon élément en étant, d’ailleurs, de mieux en mieux sollicité dans des projets contractuels.

Comment avez-vous débuté dans tout cela ? Faites-vous autre chose hormis cela ?

Je n’aime pas vraiment le fait de dire que l’on soit sorti du lot. J’ai débuté avec peu, je dirais. Parfois, je suis appelé à animer des ateliers pour des enfants, même si ce n’est pas grand-chose, mais au moins c’est le partage de talents qui est important pour moi. Il y a des établissements scolaires, des restaurants qui demandent de passer les pinceaux sur leurs murs. C’est de par de là que les choses ont commencé à évoluer et à s’évoluer.

Le métier d’art est souvent vu comme non-rentable dans ce pays, par peu de connaissances du domaine en général, pouvez-vous nous dire si oui ou non vous vivez de votre art ?

Je trouve que c’est l’une des questions les plus difficiles que je ne puisse répondre. Mais, pour vous donner un aperçu, si on le fait, c’est parce qu’il en vaut le coup. Il suffit de contribuer à s’améliorer, je pense que l’on en survivra. Fous rires.

Qu’est ce qui est difficile dans ce métier ? Enjeux ?

Le fait de patauger pour trouver les matières premières de création et les outils. Ça, ce n’est pas du tout facile. Par exemple, si je veux créer un travail qui demande plus de contenance, je dois chercher des outils comme les couleurs, les colles, etc. mais, l’obstacle n’est pas que la cherté du prix, mais il y a aussi la rareté des certaines matières. Je suis, alors, obligé de commander à l’extérieur. Cependant, ce qui m’avantage en faisant du recyclage, c’est ce que ce sont les objets que je trouve que je transforme en art concret.

Mon projet actuel est de transformer des sandales usées et je fais appel à ceux qui en ont et il y a des gens qui viennent jusqu’à moi pour me les donner. Et c’est ce qui est essentiel car le public participe à ce « recycl’art » de près ou de loin afin que l’action qu’il fait ait un impact positif dans mon travail d’art. De ce fait, le public réduit la propagation des déchets quel que soit leur nature en contribuant à recycler leurs sandales usées. C’est mon projet phare du moment.

Comment trouvez-vous le secteur de l’art en ce moment ? Sa place, sa structure, son économie ?

Dans le cas de Madagascar, peu de gens trouvent en l’art une importance capitale et valeureuse. En effet, je ne sais pas si vous vous souvenez des photographies suspendues sur quelques clôtures de la capitale. Au lieu d’en prendre de la graine, la plupart des gens se sont amusés à déchirer ces expositions publiques, alors qu’il y avait tout un budget afféré dans un but plus précis de transmettre et d’habituer les gens à la culture contemporaine. Pour sa structure, je pense que l’art n’est pas vraiment laissé pour mort car il y a déjà une flexibilité pour les artistes peintres d’exposer. L’existence des fondations et instituts facilite cette démarche pour les artistes dans le domaine de l’art plastique.

Combien d’œuvres avez-vous déjà réalisées ?

Je ne pourrais pas toutes les compter sauf pour le projet « Recup’art et Recycl’art », je dirais une vingtaine. Et celles que je termine sont directement vendues ou pré-commandées.

Quel message voulez-vous transmettre à ceux et celles qui vous liront et quel conseil aux personnes voulant s’orienter vers le métier d’art ?

Il ne faut pas prendre les critiques au mal. Il ne faut non plus en avoir peur. Il est primordial d’apprendre surtout les critiques. Elles ne sont pas souvent à titre dissuasif, mais plutôt constructif, je dirais. Et même si ce n’est pas constructif, apprenez quand même une leçon. Et faites ce que vous aimez et ne cessez jamais de rêver. Réalisez vos rêves, ne les laissez pas seulement être que des « rêves