Soloniaina Rakotondrabary, une vie dédiée aux enfants

En ce qui me concerne, j’ai beau consacré ma vie et toutes mes ressources à la cause de l’éducation (de base), mais mes efforts, et ceux de quelques-uns, resteront comme une goutte d’eau dans la mer si chacun d’entre nous n’y met pas du sien.

« Êtes-vous enseignant dans une école ? »
« Non », nous répond-il.
« Alors, peut-être animateur auprès d’une O.N.G. ? »
Il nous répond en souriant : « une O.N.G. ? Non, je suis animateur indépendant, si je puis dire ».

Depuis 1998, Soloniaina Rakotondrabary a œuvré auprès des enfants de tout âge ou de toutes couches sociales. Des écoles, des O.N.G. et des associations font appel à lui surtout à cause de sa passion et sa dévotion pour les tout-petits. Ainsi, il peut passer des heures avec eux pour les apprendre des cantiques et des poèmes, jouer avec eux, faire du crochet et bien d’autres travaux manuels (pour la fabrication de produits artisanaux), danser ou encore faire du sport ensemble. « C’est à travers ces activités que j’essaie de leur transmettre ce que c’est que l’amour, la politesse et l’amitié », nous explique-t-il.

Pour Rakotondrabary, cette passion s’est vraiment révélée il y a des années, à un moment où il s’était rendu compte que nous vivions dans une société en détresse, que les Malgaches avaient perdu leurs repères, leurs valeurs et avaient oublié leur identité au milieu d’un monde mondialisé. « J’ai toujours été passionné par les enfants, mais j’ai eu le déclic pour y consacrer ma vie après une longue période de réflexion et d’analyse. Et depuis, mon but a été de reconstruire des générations qui chérissent des valeurs comme la justice et le respect des autres », nous explique Soloniaina Rakotondrabary. Pour atteindre son objectif et pour que ce rêve de générations reconstruites devienne réalité, notre interlocuteur a opté pour des études sur le développement des enfants, des études qu’il a d’ailleurs poursuivi à l’étranger.

Actuellement, il se concentre un peu plus sur ses activités à Alasora. À seulement quatre mois d’installation dans ce quartier, cent (100) enfants se donnent rendez-vous tous les mercredis de 15 à 16h et dimanches de 10 à 12h dans ses locaux pour diverses activités, selon ses dires. Par ailleurs, il n’a de cesse de nous partager sa joie de voir l’agrandissement de son équipe et les bonnes actions qu’ils ont pu faire au cours de la rentrée scolaire de cette année. En effet, il nous explique que « certains enfants que j’ai éduqués m’aident actuellement dans mes activités et cette année, nous avons pu aider certains parents à payer une partie des droits scolaires de leurs enfants, qui sont dans des établissements publics tels que les Écoles Primaires Publiques, les Collèges d’Enseignements Générales et les Lycées publics ». Pour pouvoir aider ces personnes, « comme d’habitude », « je partage aux gens ma passion pour l’éducation des enfants et mon vif désir d’aider ceux n’ont pas la possibilité d’accéder à l’éducation de base, puis je leur parle de cas précis de parents qui peinent à inscrire leurs enfants pour des raisons financiers. Et, c’est ainsi que des bienfaiteurs viennent non seulement pour apporter des aides financières mais aussi pour m’aider sur le terrain ».

Pour terminer, Rakotondrabary est convaincu que l’une des clés pour le développement du pays c’est l’éducation de base, que nous avons tendance à minimiser. « En ce qui me concerne, j’ai beau consacré ma vie et toutes mes ressources à la cause de l’éducation (de base), mais mes efforts, et ceux de quelques-uns, resteront comme une goutte d’eau dans la mer si chacun d’entre nous n’y met pas du sien. En effet, la tâche à accomplir est immense pour qu’une part non négligeable des enfants malgaches puisse avoir accès à l’éducation de base et surtout à une éducation de qualité. »

Nos questions à Soloniaina Rakotondrabary

  1. À part être animateur, que faites-vous ?
    Je suis également formateur des formateurs, qui travaillent ou œuvrent auprès des enfants comme les enseignants, les parents, et des autres acteurs impliqués dans la promotion du bien-être des enfants.
  2. De ces 24 ans de service, quelles leçons tirez-vous ?
    A ma sortie des centres de formations, j’avais tellement hâte de voir les résultats du travail que j’allais entreprendre dans le domaine. Je ne réalisais pas encore vraiment qu’il s’agissait d’éduquer des enfants et que ça allait prendre des années pour porter ses fruits. Ce n’était qu’après quelques années de service que j’avais pu me rendre compte que mes efforts n’étaient pas vains et que j’avais bien fait de choisir ce métier. La morale de l’histoire, c’est que l’éducation requiert de la patience.
  3. Quel jeu malgache préférez-vous le plus ?
    Je suis fan de Fanorona. Ce jeu me stimule intellectuellement parlant et, quand je joue, j’adore cette poussée d’adrénaline qu’on a quand on sent qu’on est si proche de la victoire.