Pourquoi les projets numériques innovants ne percent pas à Madagascar

Bonjour à tous !

Pour donner suite au sujet lancé par @Orin ici :

Je trouve que ce serait intéressant d’élargir le débat en se demandant pourquoi les projets numériques innovants à la Uber ne fonctionnent pas à Madagascar…

Je parle des projets pure players comme Uber, Bolt et autre applications web ou mobiles qui sont devenues des licornes dans les pays occidentaux. Ou même tout simplement de simples boutiques en ligne… Pourquoi chez nous, à Madagascar, ça ne semble pas avancer!!!

Et pourtant, ce n’est pas la faute aux entrepreneurs malgaches qui n’ont rien à envier à la créativité et à l’intelligence des entrepreneurs occidentaux…

Pour preuve, on peut lister plusieurs dizaines d’applications et de projets web innovants ces 10 dernières années, comme :

Mais toutes ces initiatives très prometteuses semblent vouer à se buter contre des barrières purement endémiques.

D’après vous, pourquoi l’innovation web peine à se développer et à s’implanter de manière pérenne à Madagascar ?

Ou peut-être qu’il existe des projets qui ont rencontré un franc succès pérenne et dont je ne connais pas l’existence ?

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Salut :slight_smile:

D’après moi plusieurs raisons :

  • Le prix de l’Internet à Madagascar
  • Le prix de l’Internet à Madagascar
  • Le prix de l’Internet à Madagascar

Blague à part, bien que d’après moi, c’est le prix exorbitant de l’Internet à Madagascar qui est le principal responsable du non-développement de l’économie numérique, il existe aussi d’autres raisons.

Par exemple, pour ceux qui veulent lancer une boutique en ligne, comment faire pour les livraisons ? Bien sûr, on peut y aller avec son scooter, mais on ne sera jamais au niveau des « grands » web entrepreneurs de ce monde s’il n’existe pas un système fiable pour livrer aux quatre coins de Madagascar.

Puis comment gérer les retours de produits dans un pays où on teste le matériel avant de sortir d’un magasin car pas de retour possible après…

Sinon peut-être aussi que nos pépites high-tech manquent de visibilité, perso, je ne connais même pas Ariarynet ou ClicODeal.

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Bonjour Simon,

Vous voyez à Madagascar beaucoup de salaires sont très bas et à mon avis, c’est le premier énorme avantage que possède Madagascar pour attirer toutes les sortes d’investisseurs dans de multiples domaines.

Un des gros problèmes d’après certains de mes amis et d’après moi, c’est que beaucoup d’investisseurs ont peur d’investir à Madagascar, car lorsqu’un investisseur étranger essaye d’investir au début à Madagascar, il y a d’énormes tracasseries notamment avec certains de ses employés :

Problème important concernant la ponctualité, manque important d’implication de beaucoup d’employés dans leur travail, problème de vols et d’insécurité, manque d’efficacité et manque de professionnalisme, etc.

S’il y a un manque d’investissement dans un pays pour la création de grandes et moyennes sociétés, il ne faut pas s’étonner ensuite que le pays n’arrive pas à percer dans certains domaines.

C’est dommage que Madagascar n’arrive pas à trouver plus d’investisseurs étrangers. Pourtant, beaucoup d’étrangers aimeraient investir dans une société qui rapporte de l’argent, mais là encore il y a un énorme problème de confiance.

Ce n’est pas facile du tout de trouver des collaborateurs sérieux malgré l’accueil et la gentillesse de la population en général.

Beaucoup de Malagasy, mais je dis pas tous manque cruellement de professionnalisme.

Vous voyez monsieur Simon même si vous doublez le salaire de vos employés ça sera très très difficile pour qu’ils arrivent à l’heure au travail, qu’ils ne traînent pas dans leur travail, etc. Vous vous êtes Malagasy, c’est différent, mais si vous étiez étranger vous verrez que les salariés essayent trop d’en profiter dès que vous tournez le dos trois secondes.

Je ne dis pas que tous les salariés sont comme ça. Mais de trouver des gens qui travaillent bien, c’est vraiment très très difficile.

En plus, lorsque vous êtes étranger, vous n’avez pas le droit de lister les points négatifs de vos propres salariés, ils n’apprécient pas du tout cela. Vous avez le droit uniquement de lister les points positifs car eux la seule chose qu’ils veulent entendre, c’est qu’ils travaillent bien.

Comment progresser rapidement avec une telle mentalité professionnelle ?

C’est impossible.

J’ai un bon ami qui s’appelle Larry, c’est un métis Indien-Malagasy et il a un master en management dans une université à Antananarivo.

La prochaine fois que je reviens à Madagascar, c’est lui qui managera mes employés. Moi, j’en peux plus.

Déjà trois employés à gérer pour moi, c’est le maximum. Plus de trois, je tombe dans les pommes. C’est trop difficile.

Bon courage aux entrepreneurs !

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Après avoir fait appel à des jeunes développeurs pour mettre en place des nouvelles idées de génie, simple à mettre en œuvre, j’ai rencontré beaucoup de comportements endémiques d’incapacité chez les jeunes.

En creusant un peu plus, ce sentiment d’incapacité est développé même dans les écoles par certains ou la plupart des professeurs. On forme nos jeunes pour devenir juste des employés. Ils ne seront pas créatifs sortant des écoles. Le ministère ne fait pas non plus aucune promotion sur la créativité des jeunes. Un autre handicap est dû au fait que nous ne lisons que le français.

De ce fait, nous ne ferions jamais mieux qu’eux. D’ailleurs, les génies français de l’IT sont tous sortis de France pour développer leur créativité.

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Bonsoir,

Je ferais une analyse économique plus détaillée et avec les chiffres quand j’en aurai le temps, mais les exemples d’entreprise étrangères citées (Uber et compagnie) ont un Business-model fondamentalement non ou très très difficilement viable.

D’ailleurs, aucune de ces entreprises n’a enregistré de profits durant leurs années d’exercice sauf une fois en 2017 ou 2018 pour Uber je ne m’en rappelle plus, et même là, ce profit minime (relativement) après analyse tenait plus de la situation générale du marché que d’une réussite du Business model.

Toutes survivent grâce aux investissements et aux emprunts et essayent de miser soit sur une économie à très grande échelle soit par des avancées technologiques pour réduire les coûts futurs (voiture autonome par exemple) et les investisseurs continuent d’investir soit pour le « potentiel » futur soit juste par le désir d’exploiter la hausse des actions.

À supposer qu’elles soient viables un jour, une entreprise similaire ne le sera pas à Madagascar vu le niveau et la durée d’investissement nécessaire et les risques financiers.

Pour les start-ups malgaches citées, j’ai aussi beaucoup à dire, mais je préfère avancer mes arguments avec les chiffres donc ce sera pour une prochaine fois faute de temps.

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Merci pour vos analyses @Mario @DenisSambava @Andryis @Econo :slightly_smiling_face:

En effet, avoir des chiffres nous aiderait beaucoup à comprendre pourquoi les choses se passent ainsi à Mada.

J’avais pas vu cet article de l’Express de Madagascar qui parle du taux de réussite des startups :

https://lexpress.mg/12/01/2023/startups-augmenter-le-taux-de-reussite/

@Econo je viens de voir un article qui semble appuyer ce que tu affirmes :

Bonjour à tous.

Le sujet soulevé me semble fondamentalement plus simple qu’on ne le croit. Prenons un peu de hauteur chers amis et voyons cela de plus près.
Prenons la dernière question qui se veut ancrée dans la réalité ou dans les faits : « Ou peut-être qu’il existe des projets qui ont rencontré un franc succès pérenne et dont je ne connais pas l’existence ? »

Ma réponse est clairement : oui ! Il y a au moins un projet qui a rencontré un succès pérenne, qui occupe le devant de la scène tous les jours dans notre vie à Madagascar, dont aucun intervenant ici n’ignore l’existence, et dont nous avons tous entendus parlé tellement cela fait du bruit. Mais quelle est donc cette licorne immense que nous n’avons pas vu ? Personne n’a deviné que c’était justement la Telma mVola. Vraiment, tous les projets de l’économie numérique ont échoué. Je parle de l’entreprise-mère dont je suis presque sûr, nous avons tous utilisé les services pour « débattre » dans ce blog.

Oh ! Rassurez-vous, je ne suis en aucun cas un actionnaire du groupe Axian, ni un de leurs employés, ni même une groupie du créateur de la Fondation H, abstenez-vous de réagir au quart de tour.

Beaucoup d’intervenants ici, j’espère, sont des entrepreneurs, et ils ont certainement oublié les conséquences de ce que le choix d’une vie d’entrepreneur implique et offre comme réalité. Nous vivons avec l’échec chevillé au corps en permanence, tel est notre cheminement de vie. D’ailleurs, ce que nous vivons comme nos succès ne sont que nos meilleurs échecs ! Le fait est que c’est absolument relatif et seuls les vrais ici savent ce dont je parle, et je l’affirme pour avoir déjà goûté au « succès ».

Réfléchissez-y deux secondes, pour quelle satanée raison, on appelle ces succès d’ici ou d’ailleurs, des licornes, et à juste titre : c’est parce que ce type de succès est impossible.
Le droit de vivre ces succès extraordinaires, absolument uniques, n’est accordé qu’à un petit nombre (comprendre très très petit dans le cas de Madagascar), dont certains d’entre nous, ici, n’y goûterons d’ailleurs jamais : pour ces derniers, valorisez le voyage.

La dure vérité froide est que le « succès » en entrepreneuriat est un sport de haut niveau, impitoyable, c’est la ligue des champions entrepreneuriats en 2023 ! Tout simplement.
Les entreprises successeurs ont tout simplement réussi l’inconcevable. J’ai ce sentiment étrange que personne n’en a conscience dans cette discussion. L’échec est juste la NORME ! Pour tout le monde !

Ce débat a occulté le fait que tout a un prix, il s’est focalisé sur tous les facteurs locaux dans l’environnement qui rendent la démarche entrepreneuriale compliquée, voire impossible, mais je continue de croire que ce n’est qu’une question de perspective et de focus.

En parlant de prix par ailleurs, tout le monde semble s’accorder sur le fait que l’internet est trop cher. Ah bon ! Mais le prix n’est il pas, du moins en partie, fixé par le marché ? Pour moi, c’est un non-sens sinon toute la théorie économique est une aberration, non ?

En parlant d’un autre sujet, prenons la question éminemment sensible du financement : mais pour quelle raison nous n’avons même pas quelques boites de Capital risque dans les parages ? Parce que c’est l’environnement qui est hostile ou parce que de toute façon, aucun entrepreneur n’a eu l’initiative de s’attaquer sérieusement à la question ? Sûrement un peu des deux.
Mais encore une fois, je trouve que la responsabilité nous revient à nous, entrepreneurs parce que si nous opérons dans ces contrées depuis un petit moment, nous aurons compris que l’inertie est LA NORME dans tout environnement, que ce soit ici ou ailleurs !

Autre chose, tout le monde parle d’idées, de créativité, de projet prometteur. Mais les idées, il y en a des milliards et elles ne valent rien si elles ne répondent pas concrètement à des problématiques quotidiennes de leurs cibles potentielles. Mais l’opportunité d’entreprendre ne vient pas des idées, elle vient de la faculté d’exécuter de manière satisfaisante une solution qui règle le problème d’un client. C’est cela être un entrepreneur. Vous trouvez cela idiot ? Eh bien, si vous pouvez l’intégrer, vous commencerez peut-être à comprendre pour quelle raison certains abrutis notoires réussissent de façon extraordinaire leur boite. Posez-vous au moins la question, je peux vous jurer que vous vous rendrez service.

Je m’arrêterai là parce que ce débat pourrait être sans fin. Il y a tellement à dire et à transmettre.
J’espère juste avoir contribué un petit peu à « élargir » quelques perspectives. Je vous souhaite à tous le meilleur.

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Salut @Teddy_Sylvio

Merci pour ton partage :slight_smile:

Tu parles de Mvola, tu pourrais tout aussi bien parler de Orange Money ou Airtel Money… Ce sont des produits de grosses entreprises. Si on suit ton raisonnement, cela reviendrait à dire que World Cola de Star est une startup qui a réussi de manière pérenne à Madagascar… World Cola, tout comme Mvola, Orange Money ou encore Airtel Money sont des produits.

Telma était une entreprise d’état, elle a été rachetée et un chef d’entreprise expérimenté y a été mis à sa tête. On ne parle pas vraiment de la même chose.

Le sujet fait plutôt référence à des Facebook, Uber, Airbnb, Paypal, Blablacar, Tinder, etc. Des startups qui sont parties d’une idée innovante, portées par une ou plusieurs personnes qui l’ont créé de A à Z.

Néanmoins ce que tu dis est intéressant quand tu parles des sacrifices et de ce que ça coûte de réussir un projet numérique, et je pense que c’est à retenir.

ça aussi je trouve intéressant. Tu fais référence au marché, si l’idée répond à un besoin réel. J’aimerais ajouter que le marché doit aussi avoir une certaine taille. Si l’idée répond à un besoin réel mais que les gens ou les entreprises ne sont pas assez nombreuses / n’ont pas les moyens, ça aussi peut causer des problèmes au projet.

PS : Le prix de l’Internet n’est pas fixé par le marché, ou plutôt faudrait-il dire que le marché n’est pas en libre concurrence. Pour fournir Internet, il faut détenir une licence attribuée par l’ARTEC, or il y en a que 4 aujourd’hui. Le Ministre des Télécom a émis le souhait de délivrer d’autres licences (justement dans le but de faire baisser les prix de l’Internet), initiative à laquelle Telma s’oppose farouchement… Imaginez que vous voulez lancer une imprimerie et que par chance la loi dit qu’il ne peut exister que 4 imprimeries à Madagascar et que vous êtes l’une d’entre elles, ça serait facile de réussir :slight_smile: